AID Association initiatives dionysiennes
18ème chronique de la Macronésie

Les inexactitudes du gouvernement sur les APL

par Dr Bruno BOURGEON, président d’AID

jeudi 26 octobre 2017 par JMT

On aura tout vu en Macronésie : cette histoire de raboter de 5€ par mois l’Aide Personnalisée au Logement qui va impacter lourdement les plus pauvres est tellement ubuesque dans son essence qu’elle a poussé le magazine Capital, officine gauchiste bien connue, à faire de la pub à l’économiste altermondialiste Maxime Combes !

C’est donc tout que que notre petit génie cosmoplanétaire aura pu tirer de la horde qui l’entoure, marcheurs et experts ? Attention, comme d’habitude tout cela est du leurre pour agiter le microcosme (et surtout les microphones) dans le cadre des techniques qu’emploient les illusionnistes pour vous forcer à regarder où ils veulent. Libéral le Macron ? en fait c’est une technique abondamment utilisée dans les scénarios de guerre de l’Armée Rouge Soviétique, technique qui s’appelle "maskirovka" , où l’action globale de l’Etat et de ses structures devait contribuer à induire en erreur l’ennemi en lui proposant un scénario cohérent, le temps de lui faire faire des erreurs tactiques et stratégiques majeures pour la plus grande gloire de la "Rodina" (patrie) . En fait ce n’est même pas soviétique, c’est juste russe : une légende, démentie depuis, prétendit que le ministre favori de Catherine II, le prince Potemkine le fit déjà en organisant des villages factices, avec des "villageois enthousiastes", au loin de la route empruntée par le carrosse de la tsarine venant admirer à la fin du XVIIIè la Crimée récemment conquise sur l’empire Ottoman :-) C’est d’ailleurs beaucoup plus tordu que cela, une vraie lutte de propagande entamée par une faction voulant discréditer le favori en exagérant (un peu trop quand même !) une réelle action d’iceluy pour présenter à sa bien-aimée et orageuse autocrate un bien meilleur aspect de cette terre très stratégique mais récemment dévastée :-)

Alors que cache cette mesurette à 33 millions d’euros par mois, une goutte d’eau dans l’océan des comptes publics ? eh bien probablement une attaque massive contre un nouvel élément des services publics à la française, les logements sociaux qui ont une histoire centenaire, mais qui sont un pan de l’activité économique qui ne participe pas à la spéculation financière globale qui gangrène peu à peu toutes les activités ! Les 5€ par mois ne sont que le bout de l’ongle dans l’engrenage. A quand le doigt, la main, le bras entier ? Ne soyez pas trop impatients : ça viendra plus vite que vous le croyez. KicékilesconskonvotéMacronetLREM ? :-)

Les inexactitudes du gouvernement sur les APL

Après la baisse de 5 € des APL, le gouvernement semble plancher sur une coupe bien plus massive permettant de dégager plus de 2 milliards d’euros d’économies, soit 10 % de l’enveloppe budgétaire allouée aux aides personnelles. Pour justifier ce double coup de rabot, il multiplie les déclarations pleines de contre-vérités. 6 exemples :

1. Les APL ont été multipliées par deux au cours des dernières années : FAUX

La France alloue 18 milliards d’euros aux aides personnelles, soit 0,8 % du produit intérieur brut (PIB). Cette part est restée constante depuis… 1996. Dans le même temps, les dépenses en logement n’ont cessé de croître, passant de 16,8 % à 18,6 % de la consommation en 20 ans, et le nombre d’allocataires n’a cessé de croître.

2. Nous dépensons beaucoup plus que nos voisins en aide au logement : FAUX

Selon l’OCDE, la France affecte une enveloppe de 0,8 % du PIB aux aides personnelles, comme la Finlande. L’Allemagne ne dépense « que » 0,5 % de PIB, mais les loyers sont largement encadrés et les tensions locatives bien moindres. Dans le même temps, le Royaume-Uni consacre aux aides au logement plus de 1,3 % de son PIB.

3. Pour des résultats inefficaces : FAUX

Les aides s’annulent pour une personne seule gagnant plus d’un Smic. Pour une famille avec deux enfants, ce seuil est de 1,9 Smic. La France compte 6,5 millions d’allocataires d’aides personnelles dont les trois quarts ont un niveau de vie inférieur à 1 330 euros par mois, ces ménages concentrant à eux seuls plus de 90 % des dépenses en aides personnelles.

Les APL représentent plus de 20 % du niveau de vie des ménages les plus modestes. Ce sont en effet les prestations prenant le mieux en compte le revenu des allocataires. Elles contribuent à la réduction des inégalités de niveau de vie à hauteur de 20 %, en faisant baisser le poids du logement dans la part du revenu des ménages qui les touchent de plus de 13 %, ce qui réduit leur taux de pauvreté de près de 2 points.

4. Les APL expliquent l’augmentation des loyers : FAUX

Les études sur lesquelles s’appuie cet argument analysent soit des situations anciennes (entrée des étudiants dans le dispositif), soit des effets dus au zonage des aides. Une étude récente tendrait à démontrer que l’effet inflationniste mesuré précédemment est largement surévalué.

De plus, depuis 2000, les loyers des allocataires APL ont augmenté deux fois plus rapidement que les loyers utilisés pour le calcul des aides. Ensuite, l’ensemble des études menées sur le sujet montre l’impact extrêmement positif des APL sur la qualité des logements des ménages les plus modestes, expliquant la hausse des loyers.

Enfin, aucune étude n’a conclu en la nécessité de réduire les APL pour faire décroître les loyers. L’exemple anglais est pour le moins criant. La baisse des aides n’a aucunement impacté les loyers et a dégradé la situation des ménages. L’appel du chef de l’Etat aux bailleurs constitue d’ailleurs une preuve de son manque de confiance…

5. Les allocataires APL ne seront pas impactés, car nous baisserons les loyers : A VOIR

Une déclaration d’intentions. Dans le parc social, contraindre les HLM à réduire leurs loyers est compliqué. Si le gouvernement y parvient, ce sera au travers de la mise en place de systèmes de compensation. Toutes les mesures visant à compenser la baisse des loyers en augmentant d’un montant similaire les aides au secteur social auraient un impact neutre et semblent donc exclues. La seule compensation n’impactant pas le budget de l’Etat est le gel ou la baisse du taux du livret A. Cette mesure ne compensera pas le manque à gagner de la baisse des loyers (2 milliards d’euros par an), et elle fera planer un double risque : la pérennisation de la mesure et une décollecte importante des épargnants hypothéquant l’équilibre du système.

Dans le parc privé, en renonçant à élargir l’encadrement des loyers, le gouvernement s’est lié les mains. Dans l’ensemble du secteur locatif, les allocataires APL seront impactés par le coup de rabot porté par le gouvernement. Si la baisse de 50 euros par mois est confirmée, le niveau de vie des ménages appartenant baisserait de 3.7 à 5.3 %. Les 20 % de ménages les plus modestes porteraient à eux seuls près des deux tiers des économies espérées, soit 2,5 milliards d’euros… Pas vraiment une mesure sociale…

6. Un choc d’offre comme réponse à la baisse des APL : VRAI ici, FAUX là

Il est impossible de se satisfaire de ces déclarations d’intention du gouvernement. Les APL solvabilisent à très court terme les ménages pour lesquels la dépense en logement est trop importante. S’il faut construire plus et moins cher, les permis de construire d’aujourd’hui ne seront des logements que dans trois ou quatre ans. Quid des difficultés de logement durant cette période ?

A contrario, la construction massive de logements dans les zones tendues impacterait négativement les prix et les loyers, et donc à terme réduirait les montants d’aides personnelles allouées. Là réside la solution de long terme.

Construire plus, moins cher, dans les zones où on en a besoin. Comment faire ? On ne lutte pas contre la cherté du logement en désolvabilisant les ménages, ou en réduisant les aides à la production de logements. Pour lutter efficacement contre la cherté du logement, il convient de mettre en place une volonté d’investissement et de réforme de long terme. Le levier fiscal est central : réduire la taxation des mutations et accroître la fiscalité reposant sur la rétention de foncier et de logements répond à ces enjeux. Les solutions macroniennes ne sont pas à la hauteur.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

D’après Alternatives Economiques du 14/09/2017

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MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Mercredi 25 Octobre 2017 - 11:31

* Courrier des lecteurs du JIR

* Courrier des lecteurs dans le Quotidien du 29 Octobre 2017

PDF - 825.7 ko

REFERENCES :

* Alternatives Economiques : Logement Six contrevérités sur les aides au logement

Pierre Madec 14/09/2017

Les aides personnelles au logement (APL) sont au cœur de l’actualité des derniers jours. Après la baisse annoncée, au cours de l’été, de cinq euros par mois touchant l’ensemble des allocataires, le gouvernement semble plancher sur une coupe bien plus massive permettant de dégager plus de 2 milliards d’euros d’économies, soit 10 % de l’enveloppe budgétaire allouée aux aides personnelles. Pour justifier ce double coup de rabot inédit, il multiplie les déclarations pour la plupart erronées et/ou pleines de contradictions.

* Un économiste a trouvé 6 mesures alternatives indolores pour éviter la baisse des APL

Publié le 24/07/2017 à 12h12 Mis à jour le 24/07/2017 à 12h29

En réduisant le montant des APL, le gouvernement a choisi de s’en prendre aux ménages les plus modestes. L’économiste Maxime Combes propose des mesures alternatives pour réaliser la même économie.

Le gouvernement essuie de nombreuses critiques après avoir annoncé une baisse de cinq euros par mois des aides au logement, dont l’APL. Cette mesure doit s’appliquer à partir du 1er octobre. 6,5 millions de foyers sont concernés, dont 800.000 étudiants. Elle doit permettre d’économiser 32,5 millions d’euros par mois, alors que le gouvernement est confronté à l’urgence de boucler son budget. Pour l’économiste Maxime Combes, cette mesure est injuste. Sur Twitter, ce proche d’Attac, une ONG qui milite pour la justice sociale et environnementale, a dégainé un tableau dans lequel il propose ses idées alternatives pour économiser la même somme.

Il suggère d’augmenter les prélèvements des plus riches dans des proportions qui seraient indolores pour eux, ou de réduire le coût du CICE. L’auteur de “Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition” propose également d’étendre la taxe sur les transactions financières aux opérations intraday (quand un investisseur achète et vend une action au cours d’une même journée). Enfin, il avance la possibilité d’abandonner un projet d’autoroute entre Lyon et Saint-Étienne. Celui-ci est fortement critiqué localement car il consiste à doubler un axe déjà existant (mais souvent saturé).

VIDEO

* OSONS CAUSER : COMMENT MACRON VA TUER LE LOGEMENT SOCIAL

Voilà l’article qui révèle le plan de Macron quant au logement social. Les informations qu’il contient ont toutes été confirmées depuis, par Macron lui-même, son premier ministre Edouard Philippe ou son porte-parole Castaner.

La déclaration d’Edouard Philippe


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