Semaine noire pour les spéculateurs ?
vendredi 24 octobre 2008 par JMT
Mort de rire !
L’Islande qui surfait dans son splendide isolement sur la spéculation bancaire vient de se ramasser la gamelle du siècle et vient donc maintenant tendre la main toute honte bue, aux Russes puis au FMI et espère que d’autres cracheront au bassinet.
Quand on imagine les fiers Vikings ravalés au rang de yuppies spéculateurs alors que leur île regorge d’énergie renouvelable pour des activités utiles !
Et justement le contre-exemple parfait c’est Cuba et l’usine de panneaux photovoltaïques "Che Guevara" de Pinar del Rio qui travaille à 90% pour les pays de l’ALBA grâce à l’aide pétrolière du Vénézuela.
Ce qui nous amène à saluer, contrairement aux gaspilleurs qui nous gouvernent,l’effort fait par l’OPEP pour que le pétrole reste cher, pour développer les énergies renouvelables chez nous et financer chez les producteurs leur équipement et leur conversion à l’après-pétrole afin que la manne pétrolière ne soit plus gaspillée en frais de fonctionnement. Et qu’on ne nous sorte pas les antiennes habituelles sur les travailleurs pauvres obligés d’utiliser leur voiture : il a fallu un président UMP pour proposer de généraliser la prise en charge généralisée par l’entreprise ce que la gôche boboïdale mais néanmoins plurielle n’a pas su faire même avec 4% de croissance ! Et si Renault doit mettre au chômage ses fabrications de voitures, qu’attend l’Etat pour lui faire une commande de bus à louer aux collectivités locales pour assurer des dessertes publiques massives des bassins d’emploi et de logement dans l’attente que les projets et chantiers en cours de transport en commun arrivent à terme ? Et par ailleurs la hausse du prix du pétrole importé génère des recettes pour assurer la reconversion des secteurs en difficulté
Cette stratégie est gagnante pour tout le monde car pour un temps encore les producteurs pétroliers importeront de quoi s’équiper... Mais ils ont aussi raison de privilégier les accords sud-sud comme l’ALternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA)lancée par le Vénézuela avec un certain nombre de pays ayant décidé de favoriser l’économie réelle , tournée vers la satisfaction des besoins primaires de tous plutôt que des seuls caprices des plus riches.
La présidente argentine, après avoir justement nationalisé ses fonds de pension avant qu’ils ne fassent faillite, serait bien avisée de les transformer en système par répartition et de se tourner vers le Vénézuela, participer à l’ALBA et relancer son économie en finançant son TGV et ses centrales hydroélectriques
La contraction brutale de la masse de monnaie disponible, la faillite ou les difficultés de banques, l’interventionnisme étatique, tout cela a désorganisé les circuits économiques : les véhicules se vendent à crédit et on n’emprunte que lorsqu’on pense pouvoir rembourser.
Il faut donc relancer l’activité et ce n’est pas en abreuvant les banques qu’on y arrivera. Il faut profiter de cette crise, que les états renationalisent leur droit régalien de battre monnaie stupidement confié aux banques et qu’ils créent cette monnaie pour des investissements publics mais aussi privés à destination des particuliers qui créeront une demande dont les entreprises bénéficieront.
Les gouvernements aident les banques et les entreprises mais quid des citoyens consommateurs, qui perdent leurs emplois, voire leur maison, alors que par leurs impôts et taxes ils vont participer au sauvetage de ces banques qui les ont entraînés dans la folie spéculative et dont les actionnaires ont depuis longtemps engrangé des bénéfices suffisants pour plusieurs vies ?
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Sombre fin de semaine sur les marchés financiers, affolés par la récession
Un vent de panique a balayé vendredi les marchés financiers en Europe et Asie, en forte chute, face à une récession qui prend de l’ampleur, affectant nombre de secteurs industriels et entraînant des plans sociaux. Evènement
AFP :: Chute des principales Bourses mondiales le 24 octobre 2008
Prises dans la tourmente, les places de Paris et Francfort plongeaient par moments de plus de 10% et Londres de plus de 9%, laissant craindre un nouveau séisme boursier, 79 ans jour pour jour après le début du grand krach à Wall Street en 1929.
Les Bourses européennes ont finalement limité leurs pertes, clôturant néanmoins en forte baisse : Londres a perdu 5%, Francfort 4,96%, Paris 3,53%, Milan 5,61% et Madrid 5,20%.
Wall Street a également accusé le choc, le Dow Jones cédant 4,96% et le Nasdaq 3,59% vers 18H15 GMT.
"Il nous reste à affronter ce qui pourrait bien être la pire récession depuis la Grande Dépression (des années 1930 aux Etats-Unis, ndlr)", ont prévenu vendredi les analystes de BNP Paribas.
Signe de l’ampleur de la dégradation de l’environnement économique, les annonces de plans sociaux se multiplient à l’image du constructeur automobile américain Chrysler qui a annoncé qu’il allait supprimer jusqu’à 5.000 postes d’ici à la fin de l’année.
La fébrilité était aussi palpable sur le marché du pétrole, qui poursuivait sa chute malgré la décision de l’OPEP de baisser sa production, et sur le marché des changes où l’euro continuait à perdre du terrain face au dollar.
Même l’or, pourtant un refuge pour les investisseurs en temps de crise, a finalement cédé aux inquiétudes du marché. Ses cours se sont effondrés, dégringolant jusqu’à 682,41 dollars, un plus bas depuis septembre 2007.
Les deux Bourses de Moscou, le RTS et le Micex, ont suspendu leurs cotations jusqu’à mardi, après des chutes de plus de 13% de leurs indices.
En Asie, la Bourse de Tokyo avait ouvert le bal avec une chute de 9,6% en clôture, terminant au plus bas depuis plus de cinq ans. Dans la foulée, Séoul dégringolait de 10,6%, Hong Kong de 8,3% et Bombay de 10,96%.
Photographe : Kim Jae-Hwan AFP :: Tableau des cotations le 24 octobre 2008 à Séoul
"Tout le monde n’a plus qu’une idée en tête : se débarrasser de tous les actifs à risque, comme les actions, et mettre l’argent qu’il reste en lieu sûr", a commenté Robert Halver, stratège actions de la Baader Bank.
Pris à la gorge, les "hedge funds" (fonds spéculatifs) doivent dégager de l’argent frais. "C’est de la vente forcée, pas un jugement d’investisseur", a expliqué Al Goldman, analyste chez Wachovia Securities.
Sur le marché du pétrole aussi, la tendance restait à la baisse, malgré la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vendredi à Vienne de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour.
Les cours de l’or noir ont continué à dégringoler, après avoir déjà perdu plus de 50% depuis le sommet des 147 dollars atteint en juillet. Le pétrole a perdu trois dollars vendredi, tournant autour de 62 dollars le baril à Londres et 64 dollars à New York.
Le marché "craint que la baisse ne soit pas suffisante pour compenser le ralentissement de la demande", a commenté Peter Fertig, analyste de Dresdner Kleinwort.
L’Opep s’est attiré les foudres de la Maison Blanche, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, qui redoutent au contraire qu’une nouvelle hausse des cours du brut ne dégrade encore la conjoncture mondiale.
Une cascade d’annonces est venue confirmer que la crise financière a bien commencé à empoisonner l’économie réelle.
La Grande-Bretagne a annoncé son premier recul de l’activité économique depuis 1992, avec une baisse de 0,5% de son Produit intérieur brut au troisième trimestre.
Dans la zone euro, l’activité du secteur privé est tombée à son plus bas niveau depuis 10 ans.
L’euro pâtit de ces sombres perspectives et est tombé vendredi au plus bas depuis deux ans face au billet vert, sous 1,25 dollar, avant de se reprendre.
Le secteur le plus emblématique de cette contagion de la crise financière aux chaînes de montage est sans doute l’automobile : les géants français PSA Peugeot Citroën et Renault ont annoncé des arrêts de production, tandis que les suédois Volvo et Scania reconnaissaient la baisse de régime "la plus brutale jamais vue". Du coup, les actions du secteur descendaient aux enfers.
Autre secteur touché de plein fouet : le transport aérien, avec un déclin pour la première fois depuis cinq ans du trafic passagers international.
Air France-KLM a annoncé un nouveau plan d’économies de 700 à 800 millions d’euros d’économies à l’horizon 2011-2012 et envisage des réductions d’effectifs.
De même, des hauts fourneaux du géant mondial de l’acier ArcelorMittal vont être temporairement mis à l’arrêt dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, la Belgique et l’Allemagne.
Pour contrer la récession, les gouvernements européens réfléchissent à des mesures de relance, tout en tablant sur une prochaine baisse des taux de la Banque centrale européenne.
Photographe : Scott Olson AFP/Getty Images :: Des courtiers à la bourse de Chicago le 24 octobre 2008
En attendant, les annonces de plans sociaux se multiplient.
L’américain Chrysler va supprimer jusqu’à 5.000 emplois administratifs et postes d’intérimaires -un quart des effectifs- d’ici la fin de l’année.
Son compatriote Xerox prévoit 3.000 suppressions d’emplois dans le monde et le câblo-opérateur espagnol ONO 1.300.
Et sur toutes les places européennes, les bancaires continuaient à subir le martyre : les espagnoles Santander et BBVA ont perdu 10,18% et 8,59%. En Italie, Unicredit, Intesa SanPaolo et Monte dei Paschi di Siena ont également chuté.
L’Islande a demandé au Fonds monétaire international (FMI) une aide de 2 milliards de dollars pour surmonter la crise qui a ruiné son système bancaire. Ukraine, Pakistan, Bélarus, Hongrie pourraient aussi avoir recours aux prêts du FMI, qui dispose de 200 milliards de dollars à cet effet.
Les 43 pays d’Asie et d’Europe (Asem), réunis pour un sommet à Pékin consacré à la crise mondiale, ont réclamé une réforme profonde du système financier et un rôle accru du FMI.
L’Union européenne cherchait à rallier les dirigeants asiatiques à sa volonté de refonte du système financier mondial, avant le sommet du G 20 (principaux pays industrialisés et émergents) le 15 novembre à Washington.
En marge de la réunion de l’Asem, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont discuté de la création de fonds souverains, une idée française qui avait été accueillie avec scepticisme outre-Rhin.
L’Islande a demandé au FMI une aide de 2 milliards de dollars
REYKJAVIK, 24 oct 2008 (AFP) - 24/10/08 17:21
L’Islande a officiellement demandé au FMI une aide de 2 milliards de dollars (1,58 milliard d’euros) pour l’aider à surmonter la crise financière qui a terrassé son système bancaire, a annoncé vendredi le gouvernement dans un communiqué.
AFP/Infographie :: Carte de l’Islande
"Nous avons trouvé un accord avec la mission du FMI sur un programme de stabilisation économique (...). La mission va rentrer à Washington pour une approbation (définitive) par la direction du FMI", indique le texte.
"Nous sommes confiants dans le fait que le FMI va soutenir ce programme", ajoute le texte.
Selon les termes de l’accord de principe, l’Islande obtiendra un prêt de deux milliards de dollars dans les deux ans et recevra immédiatement 830 millions de dollars (654,8 millions d’euros).
Le FMI avait annoncé le 6 octobre avoir envoyé une mission dans le pays nordique alors que l’économie de l’île était très menacée par la crise financière.
Lorsque l’Islande obtiendra l’approbation définitive, il s’agira du premier pays occidental à recourir à une telle aide depuis la Grande-Bretagne en 1976.
Le gouvernement islandais espère que l’aide du FMI encouragera d’autres pays ou institutions à lui venir en aide.
"Ce programme nous permettra d’assurer le financement et d’accéder à l’expertise technique nécessaire pour stabiliser la couronne islandaises et fournir un soutien au développement d’un système financier plus sain", a commenté le Premier ministre islandais Geir Haarde, cité dans le communiqué.
Lors d’une conférence de presse, il a précisé que la direction du FMI discuterait de ce prêt dans dix jours et ajouté que la condition était que l’Islande rembourse ce prêt entre 2012 et 2015.
Le chef du gouvernement a également estimé que cette coopération avec le FMI permettait à l’Islande d’être dans une meilleure situation pour établir une économie et une base financière plus solides pour le pays.
L’Islande avait fondé une bonne partie de sa croissance sur celle d’un secteur financier très actif à l’étranger.
Face à un secteur financier hypertrophié (huit à dix fois le PIB au plus fort du boom économique) qui s’est vu couper des capitaux étrangers en raison de la crise financière, le gouvernement islandais avait choisi la méthode forte.
Se dotant le 6 octobre d’un arsenal législatif sans précédent en Europe conférant à l’Etat la possibilité de diriger l’ensemble du secteur bancaire, il avait ensuite pris le contrôle des trois grandes banques du pays : Glitnir, Landsbanki, enfin Kaupthing. Une mesure qui avait provoqué la stupeur dans les milieux d’affaires et fini d’achever la perte de confiance dans l’économie du pays nordique. Le gouvernement avait alors appelé au secours Moscou avec qui il négocie l’octroi d’un prêt.
M. Haarde a indiqué vendredi que les discussions se poursuivaient avec Moscou mais que compte tenu de la coopération avec le FMI, les négociations portaient sur un montant inférieur aux 4 milliards d’euros initialement évoqués. Il a ajouté que des contacts avaient été pris avec les banques centrales nordiques.
L’Islande, petite île de 313.000 habitants et non membre de l’Union européenne, était avant la crise l’un des Etats les plus riches de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Au cours des 10 dernières années, la croissance a grimpé en moyenne de 4% par an avec un pic de 7,7% en 2004.
L’Opep réduit nettement son offre en pleine crise financière
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de réduire nettement son offre de 1,5 million de barils par jour, pour tenter d’enrayer la chute des prix pétroliers en pleine crise financière internationale.
Photographe : Dieter Nagl AFP :: Le ministre algérien Chakib Khelil et le secrétaire général de l’Opep Abdalla Salem El-Badri le 24 octobre 2008 à Vienne
L’Opep va "réduire sa production de 1,5 million de barils par jour" à partir du 1er novembre, a annoncé le ministre saoudien Ali al-Nouaïmi à l’issue d’une très brève réunion d’urgence à Vienne.
Les 11 pays membres de l’Opep soumis au système des quotas (l’Irak en est exclu) vont donc réduire leur cible de production commune de 28,8 mbj actuellement à 27,3 mbj.
Le ministre algérien du pétrole, Chakib Khelil, actuel président de l’Opep, a souligné que la baisse n’était pas "seulement de 1,5 mbj" mais de "1,8 mbj" d’ici "la fin de l’année" car "300.000 barils/jour sont déjà en train d’être" retirés du marché par les pays membres.
Lors de la conférence de presse de clôture, il a précisé qu’une autre "réunion était possible avant celle prévue le 17 décembre" à Oran (Algérie), si nécessaire.
Les ministres s’étaient réunis en réaction à la chute des prix du pétrole, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis leur record de 147,50 dollars le 11 juillet.
Cependant le baril a continué sa dégringolade après l’annonce de l’Opep : il perdait près de 5 dollars vers 12H00 GMT après être tombé à un nouveau plus bas niveau depuis un an et demi à 61 dollars à Londres, dans la foulée d’une panique des marchés boursiers.
Le marché "craint que la baisse ne soit pas suffisante pour compenser le ralentissement de la demande", a commenté Peter Fertig, analyste de Dresdner Kleinwort.
La baisse de production de l’Opep sera répartie entre les pays membres en fonction de leur niveau de production. L’Arabie saoudite y contribue à hauteur de 466.000 barils/jour.
AFP Infographie :: Les nouveaux quotas des pays membres de l’Opep.
"La crise financière a déjà un impact manifeste sur l’économie mondiale, réduisant la demande d’énergie en général et de pétrole en particulier", justifie l’Opep dans son communiqué.
L’effondrement "sans précédent" des cours du brut "met en danger l’existence de nombreux projets pétroliers" et "pourrait causer des pénuries d’offre à moyen terme", précise-t-il.
Selon Chakib Khelil, les membres du cartel soumis aux quotas vont se montrer disciplinés et appliqueront la baisse promise, même si cela doit, dans l’immédiat, réduire leurs revenus pétroliers, car sans cela "les prix baisseront à des niveaux encore plus bas".
Mais le cartel ne s’est fixé ni fourchette ni cible de prix à défendre, toujours selon son président.
Pour David Kirch, de PFC Energy, certains pays veulent officieusement défendre un seuil de 100 dollars, d’autres de 80 dollars, 50 dollars étant "inacceptable" pour tous.
L’Agence internationale de l’Energie, qui défend les intérêts énergétiques des pays consommateurs, espère que la décision de l’Opep ne va pas "exacerber ce qui est déjà une situation très fragile de l’économie mondiale".
Si tous les ministres étaient d’accord sur le principe d’une baisse, les "durs" du cartel, Iran et Libye en tête, souhaitaient une coupe massive de deux millions de barils jour, les modérés hésitaient à accepter plus de 1 mbj.
Ils ont donc opté pour une solution médiane.
Dans une première réaction à Londres, le Premier ministre Gordon Brown s’est dit "déçu" de la décision de l’Opep en rappelant, cité par son porte-parole, que les choix du cartel "ont un rôle crucial à jouer dans la relance de l’économie mondiale".
Plus d’Etat, moins de fonctionnaires : équation impossible pour les syndicats
Les syndicats ont jugé vendredi contradictoire la volonté affichée par Nicolas Sarkozy de remettre l’Etat au coeur de l’économie, au moment même où, selon eux, il affaiblit son bras armé en diminuant le nombre des fonctionnaires, une équation impossible à leurs yeux.
Photographe : Bertrand Guay AFP :: Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly (4eG) conduisent la manifestation de fonctionnaires le 23 octobre 2008 à Paris
Le président a détaillé jeudi des mesures "exceptionnelles" de soutien à l’économie, dont la création d’un fonds d’investissement public chargé d’intervenir "massivement" dans les entreprises en difficulté. "Tout concourt à ce que nous nous interrogions sur la redéfinition du rôle de l’Etat dans l’économie", a-t-il souligné, dénonçant "l’idéologie de la dictature des marchés".
Dans le même discours, évoquant les récentes manifestations de fonctionnaires, le chef de l’Etat a déclaré : "Que des gens viennent de bonne foi nous demander en réponse à la crise (...) davantage d’emplois publics, je me demande s’ils ont bien compris dans quel monde nous vivons !".
La FSU, première fédération de la Fonction publique d’Etat, lui a immédiatement reproché de "jeter une nouvelle fois les fonctionnaires en pâture à l’opinion". "A un moment où cette crise touche l’économie dite réelle, peut-on se permettre de refuser d’investir dans les services publics", a-t-elle demandé.
"Ce n’est quand même pas au moment où tout le monde dit qu’il faut un retour de l’Etat (...) qu’il faut le démanteler", a également déclaré le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, en référence aux 30.600 suppressions de postes de fonctionnaires prévues en 2009.
"Est-ce que l’Etat a aujourd’hui encore les moyens de vérifier que les décisions qu’il prend sont bien appliquées ?", s’est-il interrogé, soulignant que "ce n’est plus le cas aux Etats-Unis", où "les hauts fonctionnaires disent ne plus être assez nombreux pour vérifier que l’argent" débloqué par les pouvoirs publics pour faire face à la crise financière "va bien dans le circuit" prévu.
François Chérèque (CFDT) a quant à lui décrit "un Nicolas Sarkozy qui a quelques accents étatistes au niveau économique mais qui, au niveau social, s’inspire beaucoup du thatchérisme".
Photographe : Fred Dufour AFP :: Le président français Nicolas Sarkozy à Argonay le 23 octobre 2008
Pour le politologue René Mouriaux, le "volontarisme" du président "se heurte à des contradictions profondes". "Plus la société se complexifie, plus on a besoin de fonctionnaires pour répondre aux besoins croissants", a-t-il déclaré.
"L’allongement de la durée de vie et le nombre croissant de personnes âgées dépendantes fait qu’on a besoin de plus de personnels dans les hôpitaux, les maisons de retraite", a-t-il ajouté. De même, en matière d’écologie par exemple, "on a et on aura un besoin croissant de contrôle de la qualité de l’eau, du lait, etc".
Une situation qu’illustre un récent documentaire de France 2 sur des actes de maltraitance dans une maison de retraite.
Après avoir mis l’accent sur les sanctions qu’elle entendait infliger à l’établissement dont elle ne connaissait alors pas le nom, la secrétaire d’Etat à la Solidarité Valérie Létard a découvert qu’il souffrait de gros problèmes d’effectifs - 16 postes d’infirmiers et autant de postes d’aide-soignants non pourvus - et annoncé la création d’une "cellule de recrutement pour procéder à ces embauches".
Pour la fédération CGT des services publics, M. Sarkozy risque en outre de "garrotter les collectivités locales", avec des exonérations de la taxe professionnelle qui les finance en partie. D’un côté, on "renfloue les banques avec 360 milliards d’euros d’argent public", de l’autre on "asphyxie le service public territorial", a-t-elle déploré.
L’Amérique latine rattrapée par la tourmente financière
RIO DE JANEIRO (AFP) - 24/10/08 16:13
L’Amérique latine est rattrapée par la crise financière et les craintes de récession, mais devrait en atténuer les effets les plus dévastateurs grâce à sa bonne gestion des années fastes, selon les analystes.
Photographe : Mauricio Lima AFP :: Traders à Sao Paulo le 23 octobre 2008
Chute libre des places boursières, baisse des prix des matières premières, sortie en masse de capitaux, croissance au ralenti : en dépit de ces sombres perspectives, les analystes affirment à l’unisson que les principales économies de la région sont aujourd’hui bien plus solides que lors des crises des années 1990-2000.
Pendant plusieurs semaines, ces pays se sont crû immunisés contre la tempête qui ravageait les Etats-Unis et l’Europe, à l’instar du Brésil, la principale économie d’Amérique latine.
"Quelle crise ? Allez demander à Bush", avait lancé le 16 septembre le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Mais jeudi, il changeait de ton. "Les progrès de nos pays sont menacés. La crise financière mondiale peut affecter de façon injuste et particulièrement dure les pays en développement", a-t-il prévenu.
Entretemps, il est vrai, les places financières de la région ont dégringolé et, en premier lieu, la bourse de Sao Paulo. La première place boursière d’Amérique latine a perdu 45% de sa valeur par rapport au début de l’année. Vendredi, dans la foulée des bourses mondiales, elle reculait à l’ouverture de plus de 5%.
Cette chute a été accentuée ces derniers jours par la décision de la présidente de gauche d’Argentine, Cristina Kirchner, de nationaliser les fonds de pension, officiellement pour que les retraites ne sombrent pas dans la tourmente boursière.
Mais les analystes excluent toute tentation similaire ailleurs. "Une nationalisation (des pensions) est impensable", a affirmé à l’AFP David Bravo, économiste à l’Université du Chili.
Sans aller aussi loin, le gouvernement brésilien a annoncé mercredi que les banques publiques étaient désormais autorisées à prendre des participations dans des banques privées en difficulté.
Car les pays de la région sont avant tout affectés par un assèchement du crédit qui menace de gripper leurs économies.
La chute des bourses a aussi été aggravée par des sorties massives de capitaux étrangers, qui s’étaient rués ces dernières années sur ces marchés en pleine expansion. Au Brésil, les investisseurs ont déjà retiré plus de 5 milliards de dollars.
En outre, "l’anticipation de la récession qui, certainement, frappera les économies des États-Unis et de l’Europe, fait chuter les prix des matières premières", souligne à Rio le professeur d’économie Tito Ryff.
Ce phénomène est la principale préoccupation de nombreux pays latino-américains, comme le Chili, dont 75% du PIB provient de ses exportations, en particulier du cuivre.
Le Brésil, grand exportateur de minerais et de produits agricoles, sera aussi touché, "ce qui provoquera une diminution du taux de croissance de l’économie dans les mois prochains", prévoit Tito Ryff. Celle-ci devrait ralentir en 2009 de près de 6% à environ 3%.
Le Brésil et le Mexique ont aussi dû sortir l’artillerie lourde pour enrayer la chute du real et du peso face au dollar. La banque centrale brésilienne est prête à injecter 50 milliards de dollars, alors que son homologue mexicaine a déjà débloqué 12 milliards de dollars.
Malgré tout, Virene Matesco, économiste à la Fondation Getulio Vargas, estime que le Brésil est dans une position assez "confortable", soulignant que son excédent budgétaire primaire équivalait à 4,42% du PIB à la fin août, que la dette publique n’était que de 40% du PIB et qu’elle disposait avant la crise de réserves de 207 milliards de dollars.
Au Mexique aussi, Carmen Alcivar, directrice des analyses économiques de l’institut Bursamétrica, souligne que "si l’économie peut être touchée, elle n’est pas aussi vulnérable qu’il y a treize ans", lors de la crise dite de la Tequila, quand l’Etat avait dû voler au secours des banques.
Le financement des lignes TGV compliqué par la crise financière
En réduisant les vannes du crédit et en pesant sur les ressources des Etats, la crise financière pourrait compliquer la réalisation de certains grands projets d’infrastructure, comme les futures lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV).
Photographe : Jean Pierre Muller AFP/Archives :: Un TGV stationne à la sortie de la gare de Bordeaux-Saint-Jean, le 8 mai 2008
Le futur TGV argentin, dont les travaux devaient commencer avant la fin de l’année, pourrait ainsi être retardé à cause de la crise, qui rend difficile le bouclage du tour de table financier, selon des sources argentines.
Selon la presse française, le projet subit aussi les effets de la fragilisation de la banque française Natixis, touchée par la crise et censée apporter 1,3 milliard de dollars.
En France, Réseau ferré de France (RFF) vient de reporter, pour cause de crise financière, la date limite de dépôt des offres pour la réalisation d’un nouveau système de télécommunication ferroviaire, baptisé GSM-R, un contrat d’environ 600 millions d’euros.
Du coup, le député UMP Hervé Mariton, rapporteur spécial du budget des transports, s’interroge sur les autres projets ferroviaires français.
"Si, sur un sujet comme le GSM-R qui n’est pas énorme et dont la rentabilité économique n’est pas contestée, on a déjà un report à cause de la crise, on peut se dire que c’est plus difficile pour les autres projets" ferroviaires, poursuit Hervé Mariton.
Le gouvernement veut construire 2.000 km de lignes à grande vitesse (LGV) de plus d’ici 2020, des projets qui exigent des levées de capitaux de plusieurs milliards d’euros et des engagements financiers sur au moins trente ans sans que la rentabilité en soit complètement assurée.
Et, souligne Jérôme Pouyet, professeur à l’Ecole d’économie de Paris,"si le gouvernement commence à injecter des milliards d’euros dans le système financier, il faudra les trouver quelque part, et on peut peut penser à la suspension de projets d’infrastructure", comme les LGV.
Sans que les LGV soient complètement annulées, on peut craindre qu’elles soient "au moins décalées dans le temps", ajoute l’économiste des transports.
"Une crise d’une telle nature va freiner des décisions qui impliquent des investissements financiers du contribuable ou des banques", abonde Jean-Pierre Audoux, président de la Fédération des industries ferroviaires françaises.
Chez Bouygues Construction, candidat pour la construction de la future ligne Tours-Bordeaux, on souligne "les difficultés actuelles des banques à souscrire des engagements fermes pour des montants importants et des durées longues".
Les discussions avec les banques seront "plus difficiles", reconnaît Jean-Marc Delion, directeur général délégué de RFF, chargé de financer les LGV.
A cause de l’environnement financier, "bien sûr, j’ai des craintes", affirme Alain Rousset, président de la région Aquitaine, qui négocie actuellement le montage financier de Tours-Bordeaux qui doit voir le jour en 2016.
Pour lui, rien n’indique que le projet soit remis en cause. Quant à savoir s’il pourrait y avoir des retards, "cela va dépendre de la façon dont le gouvernement (peut procéder) à une sécurisation des plans de financement".
Si "l’Etat est capable de mobiliser 50 milliards pour les banques, il peut essayer de trouver quelques milliards pour sécuriser voire accélérer les projets d’infrastruture", ajoute l’élu, en référence aux sommes envisagées par le gouvernement pour recapitaliser les banques.
De la confiture aux panneaux solaires : histoire d’une usine modèle pour Cuba
PINAR DEL RIO (Cuba) (AFP) - 24/10/08 13:31
L’usine "Che Guevara" a su s’adapter aux temps qui changent : après avoir fourni des plaquettes électroniques à l’URSS puis des confitures aux Cubains, elle assemble aujourd’hui des panneaux solaires pour l’allié vénézuélien.
Photographe : Adalberto Roque AFP :: Dans l’usine "Che Guevara" à Pinar del Rio, le 22 octobre 2008
Cette gigantesque fabrique, qui occupe 15.000 m2 à l’entrée de la ville de Pinar del Rio (150 km à l’ouest de La Havane), est devenue une sorte de modèle de réussite et d’adaptation pour les autorités cubaines qui l’ont fait visiter à un groupe de journalistes.
Construite en 1981, à l’époque où l’île communiste de Fidel Castro entretenait des liens étroits avec l’URSS, son principal bâilleur de fonds, elle produisait alors des composants électroniques qui étaient exportées vers des pays comme la Hongrie ou la Tchécoslovaquie.
Mais au moment de la chute de l’URSS en 1991, les chaînes de montage très sophistiquées ont dû être remplacées et ses techniciens et ingénieurs formés pour la plupart en URSS ont dû se reconvertir à la mise en pot de pâte de tomates et de confitures destinées aux Cubains.
Cette usine a pu ainsi passer à travers la crise économique post-soviétique qui a entraîné de graves pénuries et provoqué l’exode de nombreux Cubains, comme elle a su résister au passage de deux ouragans ayant causé pour 5 milliards de dollars de dégâts sur l’île fin août-début septembre.
Photographe : Adalberto Roque AFP :: Des ouvrières dans l’entreprise "Che Guevara" à Pinar del Rio, le 22 octobre 2008
Et un peu à l’image du pays, l’usine "Che Guevara", du nom de l’ancien compagnon d’armes argentin de Fidel Castro tué en Bolivie en 1967, a trouvé une "seconde vie" grâce au soutien du Venezuela et de son président Hugo Chavez, un ami de Fidel Castro.
Le Venezuela a remplacé l’URSS pour les livraisons de pétrole à cette île des Caraïbes, soumise depuis 1962 à embargo commercial et financier de la part des Etats-Unis et qui dépend en grande partie des importations pour sa subsistance.
Comptant 365 employés, l’usine a produit pour la première fois en 2001 2.772 petits panneaux photovoltaïques d’une puissance de 5 à 165 watts pour convertir l’énergie solaire en énergie électrique. En 2007, elle a produit plus de 7.600 de ces panneaux, ainsi que des systèmes d’alimentation sans coupure UPS.
"Nous avons actuellement la capacité de produire (des panneaux totalisant) 2 mégawatts par année et comptons investir pour atteindre entre 8 à 10 mégawatts", explique le directeur de l’usine, Alberto Falcon.
Photographe : Adalberto Roque AFP :: Des employés cubains travaillent dans l’usine "Che Guevara" à Pinar del Rio, à l’ouest de de Cuba, le 22 octobre 2008
"Plus de 90% de la production cette année est destinée aux pays de l’ALBA", en premier lieu au Venezuela, indique pour sa part José Gonzalez, vice-président du Groupe électronique de Cuba, qui n’a pas donné de chiffres.
L’Alternative bolivarienne des Amériques (Alba), bloc d’inspiration socialiste, a été fondée par Hugo Chavez et Fidel Castro en 2004 pour faire concurrence à la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) promue par les Etats-Unis, un vaste projet reliant l’Alaska à la Terre de feu aujourd’hui au point mort.
L’Alba a rapidement attiré les alliés du dirigeant vénézuélien comme le champion de la cause indigène Evo Morales en Bolivie ou l’ancien guérillero Daniel Ortega, au Nicaragua. Le Guatemala, le Honduras et la Dominique (île de l’archipel des Caraïbes) font également partie de l’Alba.
"La demande est aujourd’hui beaucoup plus élevée que l’offre et cela va continuer ainsi en raison de la nécessité d’utiliser des sources d’énergie renouvelable", estime Carlos Cabrera, directeur du département d’énergie solaire de l’usine.
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