Le faux discours d’Emmanuel Macron à la COP23
jeudi 16 novembre 2017 par JMT
23 par ci (Macronésie, traderi ?), 23 par là (COP, tralala ?). Tout un symbole que cette "conférence des parties" ait été présidée dans une grande indifférence par un tout petit état très concerné, la République de Fidji, et se soit déroulée à Bonn, triste petite cité rhénane qui hérita de la lourde tâche de succéder à Berlin, en devenant capitale de la loin d’être petite République Fédérale Allemande, ci-devant ex-trizone d’occupation franco-anglo-étatsunienne, le 4ème compère occupant ayant érigé en état vassal sa propre zone, la pas si petite République démocratique Allemande où naquit la petite Angela.
« J’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux », aurait écrit, au temps de la guerre froide, l’écrivain François Mauriac, si proche du général de Gaulle qu’il en exprimait souvent officieusement la pensée. Et la diplomatie française suivit pendant 40 ans et quand le mur tomba, les illusions de Mitterrand avec !
Mais voilà-t-y pas que l’ petit’ Emmanuel a tenté, les poches vides mais le verbe enjôleur de conclure avec "Mutti" le mariage de la carpe et du lapin censé remettre en piste l’UE largement aux abonnés absents dans tous les domaines !
Heureusement qu’il y a le bouffon d’outre-atlantique pour animer un peu : notre divin mais néanmoins impécunieux Emmanuel a décidé que les européens allaient remplacer le financement défaillant des USA pour le GIEC, il a posé quelque fausse monnaie sur la table (à qui va-t-il devoir la piquer ?) , Angela a suivi avec la monnaie de ses courses et tous deux attendent que les autres 25 de l’UE fassent leur devoir...un peu comme à la fin d’un bon repas quand on s’est partagé l’addition et que quelqu’un fait remarquer perfidement d’un air détaché à ceux qui filent à l’anglaise que ce serait bien de laisser quelque chose pour le pourboire :-). Que ferait-on sans la France ?
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Le faux discours d’Emmanuel Macron à la COP23
A Bonn, lors de la COP23, Emmanuel Macron s’est contenté de belles paroles. Aujourd’hui, le climat n’attend plus : la France ne peut se contenter d’une politique de petits pas. Si la France veut être crédible, elle doit accélérer sa transition vers les énergies renouvelables, sans la paralyser de fausses solutions comme le nucléaire.
Avant le sommet du 12 décembre de Paris, la France doit donner des gages pour augmenter ses soutiens financiers pour les populations les plus vulnérables. Face à l’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire causée par les dérèglements climatiques, Emmanuel Macron déclare vouloir répondre par l’action. Seule une transition agricole socialement juste et respectueuse des ressources luttera contre l’insécurité alimentaire.
Le leadership climatique passe par des actions concrètes, pas par des discours. Venu les poches vides à la COP23, il n’a fait aucune annonce financière pour les pays les plus pauvres, pourtant en première ligne du changement climatique.
Le sommet du 12 décembre doit être l’occasion de rectifier le tir en annonçant un doublement des financements français, afin d’atteindre 2,4 milliards d’euros d’ici 2022, et en adoptant la taxe européenne sur les transactions financières.
De telles mesures enverraient un signal fort. Car investir dans la jeunesse et les générations futures, c’est se désinvestir des énergies fossiles et s’assurer que notre mix énergétique soit cohérent avec l’accord de Paris.
Emmanuel Macron tente de séduire la scène internationale, mais son discours ne reflète pas la politique énergétique française.Il veut prendre le rôle de leader en matière climatique, expliquant n’avoir qu’une obsession, l’action, et qu’un horizon, maintenant. Le 12 décembre, il a une opportunité unique de conjuguer l’action au présent : annoncer que la France n’accordera pas un € de plus aux énergies du passé, afin d’investir dans la transition vers un futur renouvelable à 100%.
Il a franchi le seuil maximal autorisé d’hypocrisie climatique, cherchant à dissimuler ses renoncements : de la validation du CETA, climato-incompatible, au sabordage de la taxe sur les transactions financières, source de financements pour le climat.
Sans un mot sur l’évasion fiscale qui soustrait des milliards aux pouvoirs publics, il a prouvé que son but véritable est de ne surtout pas toucher aux fondements de notre système économique. Le « Busines As Usual » l’emporte toujours sur le « Make The Planet Great Again ».
La récente décision de supprimer du budget national les 20 millions d’euros du fonds vert destiné à aider les collectivités polynésiennes à lutter contre les effets du réchauffement climatique, a envoyé un très mauvais signal. Réintroduit in extremis, le fonds vert français est encore sur la sellette. Le gouvernement français devrait tirer les leçons de la catastrophe qui a touché de plein fouet les Caraïbes.
Le Président montré une direction et fait preuve de volonté. Il n’a surtout pas fait d’annonce nouvelle pour la transition écologique. Un très long chemin reste à parcourir : la politique commerciale internationale doit être subordonnée au droit de l’environnement. Un plan franco-allemand pour les énergies renouvelables, et contre les énergies du passé est toujours espéré.
Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
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MEDIAS LOCAUX
* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Lundi 20 Novembre 2017 - 14:40
* Courrier des lecteurs du JIR
* Tribune libre du Docteur Bruno Bourgeon sur Imaz Press Réunion (Publié le Dimanche 19 Novembre à 08H00 / Actualisé le Samedi 18 Novembre à 17H38 ...verbatim ! :-)
* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien du 22/11/2017
A la COP23, Merkel et Macron réaffirment leurs ambitions climatiques
Le président français a promis que l’Europe se substituera aux Américains pour assurer le financement du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Angela Merkel et Emmanuel Macron à la tribune de la COP23 à Bonn (Allemagne), le 15 novembre.
COP23, acte II. Après dix jours de discussions techniques, la conférence climat des Nations unies est entrée dans sa phase politique avec la venue à Bonn d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont Angela Merkel et Emmanuel Macron, mercredi 15 novembre.
Pendant que les groupes de travail poursuivaient leurs travaux dans le huis clos des salles de négociation du World Conference Center, les dirigeants devaient pour leur part s’efforcer de prouver, à la tribune de l’assemblée plénière, leur bonne foi face au défi climatique qui déstabilise la planète.
Cette « séquence de haut niveau », selon le vocable onusien, s’est ouverte par l’allocution du premier ministre des îles Fidji – ce pays préside pour un an les débats de la COP. Frank Bainimarama, représentant d’une nation insulaire déjà affectée par le changement climatique, a insisté sur l’importance d’avancer dans la mise en œuvre de l’accord de Paris conclu fin 2015 pour limiter le réchauffement sous le seuil des 2 °C.
Une urgence rappelée ensuite par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres, le président de l’assemblée générale de l’ONU Miroslav Lajcak et la secrétaire exécutive de la CCNUCC (pour Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques) Patricia Espinosa, l’institution qui abrite les négociations sur le climat.
L’Allemagne au secours des pays du Sud
Mais ce sont surtout les propos des chefs d’Etat et de gouvernement, garants des engagements pris par leur pays à Paris, lors de la COP21 en décembre 2015, que les délégués et les observateurs de la CCNUCC étaient impatients d’entendre. A commencer par ceux d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron, les premiers dirigeants à prendre la parole dans ce long tunnel de discours officiels qui ne prendra fin que vendredi, jour de clôture de la COP23.
L’Allemagne et la France sont les deux seuls pays européens, et les deux seuls membres du club des pays riches du G7, à dépêcher le chef de leur exécutif à Bonn. Côté américain, le sous-secrétaire d’Etat aux affaires politiques, Thomas Shannon, qui devait prendre la parole jeudi, sera finalement remplacé par Judith Garber, vice-secrétaire d’Etat aux océans et aux affaires scientifiques et environnementales internationales.
Sans bloquer les discussions, le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre fait profil bas depuis l’ouverture de la COP23, le 6 novembre. Les pays en développement, qui attendent des nations industrialisées des paroles fortes et des engagements tenus, sont donc attentifs aux signaux envoyés par Berlin et Paris.
Ils retiendront sans doute le choix d’Angela Merkel d’insister sur les risques provoqués par le changement climatique et le besoin d’aider les pays du Sud à s’y adapter. L’Allemagne va rajouter 100 millions d’euros, dont 50 millions dans le Fonds mondial d’adaptation, à l’aide aux pays les plus vulnérables. « Nous devons être pris au sérieux », s’est justifiée la chancelière.
Soutien aux scientifiques du GIEC
En matière de dérèglement du climat, « le seuil de l’irréversible a été franchi », a averti ensuite Emmanuel Macron, débutant son discours sur le soutien nécessaire aux scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), menacés dans leurs recherches par l’annonce américaine de ne plus financer l’institution.
Plus du tiers du budget du GIEC dépend de Washington. « L’Europe se substituera aux Américains et la France sera au rendez-vous, a promis M. Macron, sans préciser les clés de répartition de cet effort européen. Pas un centime ne manquera au GIEC en 2018. »
L’Europe doit jouer les premiers rôles, estime le chef de l’Etat. Mais c’est surtout la crédibilité du couple franco-allemand qui se joue à la COP23. Dans une lettre ouverte envoyée le 13 novembre, dix-huit ONG allemandes et françaises somment les deux dirigeants de « s’affirmer comme le moteur d’un projet européen à la hauteur des défis sur le climat, traduisant les objectifs de l’accord de Paris en actions concrètes ».
Les organisations environnementales invitent notamment l’Allemagne et la France à soutenir, au sein de la Commission européenne, l’élaboration d’un paquet énergie climat ambitieux pour 2030, « en rehaussant bien avant 2020 les objectifs pour 2030 ».
L’Allemagne, qui ne pourra pas remplir son objectif de réduction de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 par rapport à 1990, est pointée du doigt pour son recours massif au charbon, la plus polluante des énergies fossiles.
« On voit se dessiner dans l’Union européenne une coalition pour sortir du charbon, dont les premiers rangs sont occupés par le Royaume-Uni, la Finlande, la France, les Pays-Bas et l’Italie, observe Michael Schäfer, du WWF Allemagne. Mais l’Allemagne n’en fait pas partie. »
Négociations de coalition à Berlin
La question du charbon est « cruciale dans les négociations en cours pour former une coalition », a convenu Mme Merkel, qui a rappelé aussi que le sujet était conflictuel et comportait des impacts économiques et sociaux non négligeables. Or les libéraux ne veulent pas d’échéance pour renoncer à cette énergie bon marché, qui représente 40 % de l’électricité consommée outre-Rhin, et les Verts viennent d’abandonner la date de 2030 qu’ils défendaient pendant la campagne.
Alors que l’étoile de la chancelière allemande pâlit, Emmanuel Macron cherche à s’imposer en nouveau champion du climat. A l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris, le président français a été le premier chef d’Etat à regretter publiquement ce choix, inventant pour l’occasion un nouveau slogan, « Make our planet great again ».
Quelques semaines plus tard, en clôture du G20, à Hambourg, il a annoncé la tenue d’une réunion à Paris, le 12 décembre, date anniversaire des deux ans de l’accord de la COP21. Elle devrait réunir une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement pour mobiliser la communauté internationale sur les financements climat. A la tribune de la CCNUCC, il a rappelé l’enjeu du sommet du 12 décembre pour « lister les premières victoires et dresser le plan de bataille à venir ».
LIENS
* Fidji
JMT
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