Mesures de soutien
jeudi 23 octobre 2008 par JMT
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- Sarkozy annonce un fonds d’investissement souverain à la française, p1
- BNP Paribas, "valeur refuge" inattendue en pleine crise financière, p1
- Récession, chute des résultats d’entreprises : les Bourses dans le rouge, p1
- Sarkozy annonce la création d’un fonds public pour soutenir l’économie, p1
- Les investissements seront exonérés de taxe professionnelle, p1
- La consommation en hausse, l’industrie déprime, p1
- CLIMAT DÉTESTABLE, p1
- DES SIGNES D’ESPOIR POUR 2009, p1
- Aux avant-postes d’une conjoncture morose, l’intérim "trinque", p1
- VIDEOS, p1
Sarkozy annonce un fonds d’investissement souverain à la française
Le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi plusieurs nouvelles mesures de soutien à l’économie, dont la principale est la création d’un "fonds public d’intervention" pour les entreprises en difficulté.
Cette structure prendra la forme d’un "fonds public d’intervention qui interviendra massivement chaque fois qu’une entreprise stratégique aura besoin de fonds propres," a déclaré le chef de l’Etat lors d’une table ronde avec des entrepreneurs à Annecy (Haute-Savoie), sans attendre le discours qu’il devait prononcer immédiatement après cette rencontre.
Photographe : Bertrand Guay AFP/Archives :: René Ricol le 26 juillet 2005 à Matignon
"Je demanderai au Parlement d’adopter les mesures extrêmement rapidement", a ajouté Nicolas Sarkozy. Il a exprimé le souhait "d’emmener toute l’Europe" dans sa stratégie d’intervention. "On ne reste pas les deux pieds dans le même sabot", a-t-il dit.
M. Sarkozy s’était déjà prononcé mardi en faveur de la création en Europe de fonds souverains, qui, coordonnés, permettraient "d’apporter une réponse industrielle à la crise" économique. Une proposition qui a été accueillie avec réserve par plusieurs partenaires européens de la France et rejetée par l’Allemagne.
Le chef de l’Etat a également annoncé jeudi que tous les nouveaux investissements des entreprises en France seraient "exonérés à 100% de la taxe professionnelle jusqu’au 1er janvier 2010". Chaque année, les professionnels doivent payer la taxe professionnelle qui est calculée à partir de l’investissement, du parc foncier et de la valeur ajoutée des entreprises. Son plafond est actuellement fixé à 3,5% de la valeur ajoutée.
Cette taxe, établie dans chaque commune où le redevable dispose de locaux ou de terrains, sert à financer le budget des communes, des départements et des régions, ainsi que d’autres organismes, tels que les Chambres de commerce et d’industrie.
La réforme est "directement liée à l’instauration du comité Balladur sur les institutions, puisque l’idée est de réformer en profondeur le millefeuille territorial et d’utiliser cette réforme pour remettre à plat la fiscalité, donc la taxe professionnelle", avait rappelé mercredi le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
Face au risque d’assèchement du crédit provoqué par la crise financière, le président a encore annoncé la création d’un poste de "médiateur du crédit, qui sera à la disposition des entreprises françaises qui auront des difficultés pour accéder au crédit".
Ce médiateur "suivra, département par département, la façon dont les prêts sont accordés par les banques". Le chef de l’Etat a indiqué son intention de nommer à cette fonction René Ricol, commissaire aux comptes et auteur d’un rapport sur la crise financière remis début septembre à l’Elysée.
Alors que "l’Etat est venu puissamment en appui des banques", a lancé M. Sarkozy, "on fera de l’opinion publique le juge du comportement des banques (...) ceux qui ne joueront pas le jeu assumeront leurs responsabilités, et assumer ses responsabilités, c’est partir et partir tout de suite".
Les banques françaises, en échange du plan de soutien de 360 milliards d’euros en leur faveur, ont pris des engagements à l’égard des PME. Pour les petites sociétés, les banques promettent notamment un "accompagnement plus étroit" afin de subvenir à leur besoin en fonds de roulement.
Selon plusieurs journaux, le président Sarkozy devait également annoncer dans son discours des aides sectorielles au BTP et à l’industrie automobile, une extension du contrat de transition professionnelle et une accélération des programmes d’infrastructures.
BNP Paribas, "valeur refuge" inattendue en pleine crise financière
L’action BNP Paribas affiche l’une des meilleures performances annuelles du CAC 40, malgré la crise financière, les investisseurs considérant le groupe comme l’un des vainqueurs potentiels de la recomposition bancaire.
Photographe : John Thys AFP/Archives :: Baudoin Prot, directeur français de BNP Paribas lors d’une conféfence de presse le 6 octobre 2008 à Bruxelles
En limitant ses pertes à 21% depuis le 1er janvier, contre -41% pour le CAC 40, le titre pointe jeudi en troisième position des valeurs vedettes, derrière GDF Suez et France Télécom, mais très loin devant les actions Société Générale (-46%), Crédit Agricole (-49%) et Natixis (-75%).
BNP Paribas distance même, de façon plus surprenante, les traditionnels "refuges" que sont Danone (-32%), Sanofi-Aventis (-26%), Air Liquide (-32%) ou Vivendi (-36%), pourtant jugés solides face au ralentissement économique.
"Plus les difficultés s’accumulent pour certains concurrents, mieux c’est pour BNP Paribas", résume Pierre Flabbée, analyste chez Landsbanki Kepler, rappelant que la banque s’est montrée bien plus discrète que ses rivales sur le front des mauvaises nouvelles.
Le groupe, numéro trois européen par sa capitalisation derrière la britannique HSBC et l’espagnole Santander, n’a annoncé ni résultats plus mauvais que prévu ni augmentation de capital, se contentant de puiser dans le "guichet" public français sans diluer la part de ses actionnaires.
En termes d’image, BNP Paribas a évité l’écueil d’un scandale boursier dans lequel sont tombées la Société Générale en janvier, avec l’affaire Kerviel, puis la Caisse d’Epargne en octobre. Et ses dirigeants n’ont pas eu à se contredire à quelques jours d’intervalle, à la différence de ceux de Dexia (banque franco-belge) ou UniCredit (banque italienne).
"On s’attend à un carton en matière commerciale. Il semble qu’ils soient en train d’ouvrir énormément de comptes, grâce à la méfiance des épargnants envers les autres banques", souligne Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez Global Equities.
Pour les analystes de Natixis, BNP Paribas est de surcroît "capable de beaucoup d’opportunisme" en poursuivant ses emplettes à la faveur de la crise : le groupe a raflé les activités de "prime brokerage" (services aux fonds spéculatifs) de Bank of America et, surtout, a pris le contrôle de Fortis en Belgique et au Luxembourg.
"C’est un coup de maître, réalisé dans des conditions financières exceptionnellement favorables !", salue M. De Villepion. Le groupe français devient ainsi le leader européen par le montant de ses dépôts, une position avantageuse quand les liquidités disponibles deviennent vitales.
Au plan mondial, la montée en puissance de BNP Paribas coïncide avec celle de Santander, qui a avalé la britannique Alliance & Leicester et les meilleurs actifs de Bradford & Bingley, et l’émergence des "titans" américains que sont Bank of America et JPMorgan Chase.
Mais loin de pousser à la course au gigantisme, à la différence de la fièvre de mariages qui avait saisi l’Europe bancaire début 2007, les analystes voient d’un bon oeil la prudence du groupe français, qui a notamment écarté un rachat de la Société Générale.
"Il y aura probablement d’autres opportunités, mais je les vois mal se précipiter : Fortis est un gros morceau et son rachat mérite d’être un peu digéré", estime Pierre Chédeville, du Crédit Mutuel-CIC.
Pour Pierre Flabbée, BNP Paribas a d’autant plus de raisons de patienter que les difficultés de ses concurrents dopent sa croissance organique, "à moindre risque" et sans débourser un centime.
Récession, chute des résultats d’entreprises : les Bourses dans le rouge
AFP - jeudi 23 octobre 2008, 10h42
Face à des indicateurs et des résultats d’entreprises qui confirment les craintes d’une récession sévère, notamment en Europe, les Bourses restaient très fragiles jeudi et l’officialisation d’un sommet du G20 le 15 novembre à Washington n’a pas eu d’impact immédiat.
Cette réunion est "une condition nécessaire mais pas suffisante" pour permettre le retour de la confiance sur les marchés financiers, a relativisé jeudi Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI).
Symbole de la mobilisation mondiale, la Chine a souligné "jeudi" "l’importance" de cette proposition de sommet, sans cependant confirmer sa participation. "La Chine considère que la communauté internationale devrait accroître sa coopération (...) pour faire face ensemble à la crise financière actuelle et sauvegarder la stabilité du système économique et financier mondial", a cependant insisté le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a de son côté appelé jeudi au soutien de la Chine et du reste de l’Asie, pour répondre à la situation "sans précédent" créée par la crise financière. "Nous avons besoin de l’Asie et plus particulièrement de pays comme la Chine, l’Inde et le Japon", a déclaré M. Barroso à Pékin, à la veille de l’ouverture du sommet Asie-Europe (Asem).
Côté financier, les rouages sont en tout cas clairement grippés. Les activités bancaires internationales ont enregistré au deuxième trimestre leur plus forte chute depuis dix ans, selon la Banque des règlements internationaux jeudi. La banque américaine Goldman Sachs s’apprête elle à supprimer 10% de ses effectifs, soit plus de 3.000 emplois, affirme jeudi le Wall Street Journal.
Et les marchés eux sont toujours fébriles. Après avoir chuté d’environ 5% mercredi, les grandes Bourses européennes s’installaient de nouveau dans le rouge jeudi. Vers 09H30 GMT, Londres perdait 1,35%, Francfort 2,30% et Paris 1,66%.
Les Bourses asiatiques ont clôturé en baisse. Tokyo a cédé 2,46%, Hong Kong 3,54%, Shanghai 1,07%, et Singapour 4,14%.
Le Nikkei à Tokyo a notamment souffert du plongeon de 94% de l’excédent commercial de l’archipel en septembre, avec une baisse marquée de la demande venue d’Amérique du Nord et d’Europe. Et la hausse continue du yen obscurcit encore davantage les perspectives des exportateurs nippons. Sony a ainsi annoncé jeudi une chute de 72% sur un an de son bénéfice net au deuxième trimestre.
"Les investisseurs reconsidèrent leurs estimations sur la gravité et la durée de la récession, reconnaissant que la crise du crédit a abouti non plus à un ralentissement économique fâcheux mais à quelque chose de bien plus sérieux", a admis Frederic Dickson, directeur de la stratégie de marché chez D.A. Davidson à New York, mercredi soir. Signe supplémentaire d’un ralentissement de l’économie mondiale : le trafic maritime mondial ralentit nettement, et le coût moyen du transport en vrac de matières sèches a plongé de 85% depuis son pic de mai.
En Europe, les signes de crise se multiplient.
Le déficit des comptes courants de la zone euro s’est creusé en août, à -8,4 milliards d’euros. Les commandes industrielles dans la zone euro ont diminué de 6,6% en août comparé à août 2007. Et en France, le moral des industriels a poursuivi son recul, chutant à son plus bas depuis décembre 1993.
Quant à l’euro, pénalisé par les craintes de récession en Europe, il est à son plus bas depuis six ans face au yen et il continuait jeudi d’évoluer sous le seuil des 1,28 dollar. "L’impression actuelle à l’égard de l’Europe est complètement négative", avouait jeudi un cambiste nippon.
De fait, les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le Vieux continent du côté des entreprises.
Air-France KLM, qui tablait sur 4% de croissance annuelle pour les prochaines années, n’envisage plus qu’une croissance zéro pour son exercice en cours ainsi que pour les deux exercices suivants, selon la presse jeudi.
Le groupe automobile italien Fiat s’attend lui à des résultats 2008 dans le bas de la fourchette de ses prévisions et à des conditions de marché détériorées sur la majeure partie de 2009.
Côté bancaire, la deuxième banque helvétique, Credit Suisse, a annoncé jeudi une perte nette de 1,26 milliard de francs suisses au troisième trimestre. Les résultats de la banque d’affaires du groupe ont été plombés par une nouvelle dépréciation d’actifs de 2,4 milliards de francs suisses.
Et la belle unité dont a fait preuve l’Europe dans l’urgence face à la crise financière semble se fissurer face à l’idée d’un plan de relance économique.
Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi la création d’un "fonds public d’intervention" en faveur des "entreprises stratégiques" en difficulté, sorte de fonds souverain à la française. Or cette idée de fonds souverains nationaux en Europe est très critiquée à Berlin, où on soupçonne une volonté de protectionnisme.
Chez les pays émergents ou en développement, la crise se fait également de plus en plus sentir. Et plusieurs pays en manque de liquidités commencent à appeler à l’aide.
Le Pakistan, miné par des difficultés intérieures, et le Bélarus, frappé par la crise financière, ont tous deux demandé mercredi l’assistance financière du FMI. L’Ukraine négocie également un prêt avec l’institution et l’Islande a indiqué mardi être sur le point d’en obtenir un. Le FMI s’est en outre dit prêt à aider la Hongrie.
Sur le marché du pétrole, la tension est également notable, avec un cours de l’or noir qui a chuté de moitié depuis ses sommets à 147 dollars en juillet.
Vendredi, à Vienne, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait se prononcer sur une éventuelle réduction de production, pour soutenir les cours de l’or noir.
Mais les avis sont divergents. Les "durs" du cartel, à l’instar de l’Iran, plaident pour une baisse de production d’environ 2 millions de barils par jour. Mais l’Arabie saoudite, cheville ouvrière de l’Opep, et ses partenaires modérés du Golfe vont probablement résister aux demandes.
Fin septembre, l’Opep pompait 32,16 millions de barils par jour, pour une production officielle de 28,8 mbj.
Sarkozy annonce la création d’un fonds public pour soutenir l’économie
Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi la création d’un "fonds public d’intervention" qui pourra "intervenir massivement" en faveur des "entreprises stratégiques" en difficulté, lors d’une table ronde avec des entrepreneurs à Annecy (Haute-Savoie).
Cette structure prendra la forme d’un "fonds public d’intervention qui interviendra massivement chaque fois qu’une entreprise stratégique aura besoin de fonds propres," a déclaré le chef de l’Etat. "Je demanderai au Parlement d’adopter les mesures extrêmement rapidement", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Photographe : Francois Mori AFP :: Sarkozy en visite le 23 octobre 2008 à l’usine Mecalac Ahlman à Annecyagrandirphoto : Francois Mori , AFP
Il a exprimé le souhait "d’emmener toute l’Europe" dans sa stratégie d’intervention. "On ne reste pas les deux pieds dans le même sabot", a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy s’était déjà prononcé mardi en faveur de la création en Europe de fonds souverains, qui, coordonnés, permettraient "d’apporter une réponse industrielle à la crise" économique.
Cette proposition a été accueillie avec réserve par plusieurs partenaires européens de la France et rejetée par l’Allemagne.
Nicolas Sarkozy a également annoncé la création d’un poste de "médiateur du crédit, qui sera à la disposition des entreprises françaises qui auront des difficultés pour accéder au crédit".
Ce médiateur "suivra, département par département, la façon dont les prêts sont accordés par les banques", a-t-il précisé lors d’une table ronde avec des entrepreneurs à Annecy (Haute-Savoie).
Le chef de l’Etat a indiqué, avant de prononcer un discours sur les mesures de soutien à l’économie, son intention de nommer à cette fonction René Ricol, commissaire aux comptes et auteur d’un rapport sur la crise financière remis début septembre à l’Elysée.
Alors que "l’Etat est venu puissamment en appui des banques", a lancé M. Sarkozy, "on fera de l’opinion publique le juge du comportement des banques (...) ceux qui ne joueront pas le jeu assumeront leurs responsabilités, et assumer ses responsabilités, c’est partir et partir tout de suite".
Les banques françaises, en échange du plan de soutien de 360 milliards d’euros en leur faveur, ont pris des engagements à l’égard des PME. Pour les petites sociétés, les banques promettent notamment un "accompagnement plus étroit" afin de subvenir à leur besoin en fonds de roulement.
Le Premier ministre François Fillon avait annoncé lundi que les banques avaient pris l’engagement d’"augmenter" de 3 à 4% "en rythme annuel" le montant global de leurs prêts pour "financer" l’activité économique.
Mercredi, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a affirmé que les banques françaises devaient "jouer le jeu" et ne pas restreindre leur offre de crédit aux PME.
Les investissements seront exonérés de taxe professionnelle
REUTERS - jeudi 23 octobre 2008, 10h11
ANNECY-LE-VIEUX, Haute-Savoie (Reuters) - Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que tous les nouveaux investissements industriels seraient exonérés de taxe professionnelle jusqu’au 1er janvier 2010.
"A partir d’aujourd’hui, tous les nouveaux investissements industriels réalisés en France seront exonérés à 100% de taxe professionnelle jusqu’au 1er janvier 2010", a déclaré le président français en marge d’une visite de Mecalac, une PME spécialisée dans la construction d’engins de travaux publics avant de prononcer un discours sur l’économie .
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse
La consommation en hausse, l’industrie déprime
REUTERS - jeudi 23 octobre 2008, 08h46
© REUTERS2008
PARIS (Reuters) - L’emballement de la crise financière n’a pas empêché les ménages français de consommer en septembre mais les industriels ont accusé le coup avec un moral au plus bas depuis la récession de 1993, selon des statistiques publiées jeudi par l’Insee.
Les économistes anticipent déjà une rechute de la consommation en octobre, tout en notant quelques signes d’espoir qui confortent le scénario d’une reprise de l’économie en 2009.
Portée par les achats de voitures et de textile, la consommation des ménages en produits manufacturés a augmenté de 0,6% le mois dernier, après une baisse de 0,2% en août (révisée par rapport à une première estimation de -0,3%) selon l’Insee.
Vingt-neuf économistes interrogés par Reuters s’attendaient en moyenne à un repli de 0,1% des dépenses des ménages en produits manufacturés, qui représentent le quart de la consommation totale des ménages en France.
Par rapport à septembre 2007, elles progressent de 1,5%.
A l’inverse, l’indicateur synthétique du climat des affaires dans l’industrie calculé par l’Insee a reculé à trois points à 88 en octobre, son plus bas niveau depuis décembre 1993. Les économistes prévoyaient en moyenne 89 et le chiffre de septembre a en outre été révisé en baisse d’un point, à 91.
L’enquête de conjoncture montre que les industriels ont réduit leur production et que le pire reste à venir, puisque leur opinion sur les perspectives générales du secteur a reculé à -66, un plus bas sans précédent depuis que l’enquête a débuté en 1976.
CLIMAT DÉTESTABLE
"Il y a du stockage involontaire, les carnets de commande s’effondrent. Le sentiment général est extrêmement dégradé. Cela affecte beaucoup plus qu’avant les perspectives économiques personnelles, qui ont longtemps résisté mais qui depuis deux mois ne résistent plus du tout," constate Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel Leven.
"Le débat n’est plus de savoir si on est en récession ou pas", ajoute-t-il. "Selon le chiffre (du PIB) qui va sortir pour le troisième trimestre on pourra débattre de la définition de la récession. Le climat est détestable et cela montre bien quel est l’état réel de l’économie".
Le gouvernement ne veut toujours pas parler de récession, techniquement définie par deux trimestres consécutifs de croissance négative. Le produit intérieur brut s’est contracté de 0,3% au deuxième trimestre et le chiffre du troisième trimestre sera connu le 14 novembre, à la suite de quoi le gouvernement réexaminera sa prévision de croissance qui est actuellement de 1% pour 2008.
La bonne tenue de la consommation des ménages apporte toutefois un peu de baume au coeur, même si elle tient pour l’essentiel à une progression de 0,7% des achats automobiles et à un rebond de 2,8% dans l’habillement/chaussures, deux postes notoirement volatils.
Plus étonnante est la résistance (+0,2%) des dépenses d’équipement du foyer, dans un contexte de fort ralentissement du marché immobilier, mais là encore les économistes prévoient un fléchissement.
DES SIGNES D’ESPOIR POUR 2009
"A mon avis il s’agit juste de volatilité d’un mois sur l’autre car nous sommes dans une situation où nous aurons une récession modérée, au mieux, dans la zone euro et une remontée significative du chômage. On peut donc s’attendre à davantage de pressions sur la consommation des ménages," juge Matthew Sharratt, économiste pour l’Europe à Bank of America à Londres.
Marc Touati, l’un des premiers économistes à avoir prédit la récession, veut cependant y voir un motif d’espoir pour 2009.
"Bien entendu, la récession qui a commencé au printemps dernier est loin d’être terminée", écrit l’économiste de Global Equities dans une note. "Pour autant, la progression de la consommation nous rappelle qu’il ne faut pas ’jeter le bébé avec l’eau du bain’ et oublier les quelques bonnes nouvelles économiques des dernières semaines."
La chute des prix du pétrole et des matières premières fait reculer l’inflation et soutient le pouvoir d’achat des ménages. Le cycle de baisse de taux enclenché par la Banque centrale européenne au début du mois soutiendra l’activité l’année prochaine, et en attendant le plan d’aide aux banques décidé par le gouvernement devrait permettre à celles-ci de reprendre leur activité de financement de l’économie.
"Autrement dit, après une croissance d’environ 0,9% cette année, l’économie française commencera à redémarrer à partir du printemps-été prochain," escompte Marc Touati. "Certes, compte tenu d’un effet d’acquis négatif, la croissance moyenne sur 2009 restera aussi faible qu’en 2008. Néanmoins, en fin d’année, le glissement annuel du PIB devrait retrouver la barre des 2%".
Véronique Tison, avec la contribution d’Estelle Shirbon et Tamora Vidaillet, édité par Yves Clarisse
Aux avant-postes d’une conjoncture morose, l’intérim "trinque"
Aux avant-postes de la crise, le secteur de l’intérim a vu son activité drastiquement chuter depuis la rentrée et, après la récente annonce de 600 suppressions d’emplois chez Adecco, numéro un du secteur, patronat et syndicats ne cachent plus leurs inquiétudes.
Photographe : Francois Guillot AFP/Archives :: Agence ’Adecco le 13 février 2003 à Paris
"Dès que ça va mal quelque part, ce sont les intérimaires qui trinquent", déplore Yannic Poulain de la CGT Intérim. "En période difficile, les entreprises réduisent l’emploi intérimaire en premier", renchérit la fédération patronale Prisme regroupant 90% des entreprises du secteur, selon laquelle transports, BTP et bâtiment sont les plus touchés.
Le travail intérimaire, qui représentait en 2007 3,6% de l’emploi salarié en France, soit 637.900 équivalents temps plein, est considéré comme un indicateur fiable de l’évolution du marché du travail.
Le début de son ralentissement remonte à mars 2008. Et depuis, la situation s’est aggravée. "Après un recul de -1 à -3,6% de l’activité depuis mars, on est passé à -6%, -7,5% en juin-juillet, et puis ça s’est encore accéléré puisqu’on est à -10% en septembre, et on va vers -12% en octobre", dit à l’AFP Arnaud de la Tour, le président de Prisme.
"On a rarement été confronté à une baisse aussi soudaine et d’une telle ampleur", ajoute-t-il.
Les perspectives pour les mois à venir "ne sont pas bonnes", juge-t-il sans s’avancer davantage. Mais le ton est donné : "Toute la profession est affectée et les professionnels sont inquiets".
L’industrie concentre près de la moitié des emplois intérimaires (45,5%), devant les services (33%) et le BTP (20,7%).
Pour les entreprises d’interim spécialisées dans l’automobile ou le bâtiment, il y a du souci à se faire", dit Sébastien Delahaye (CFDT) secrétaire fédéral CFDT Intérim.
Constat confirmé par Arnaud de la Tour, selon lequel depuis la rentrée, les secteurs des transports, du BTP et de l’automobile "s’effondrent puisqu’on évoque des -15 à -20%" d’activité".
Signe de la morosité ambiante, les durées des contrats raccourcissent : "Je signe des contrats d’une semaine, je suis sur le fil du rasoir, l’année dernière, quand ils (les patrons) voulaient garder quelqu’un, ils signaient des contrats d’un mois", dit à l’AFP un tuyauteur électricien du Nord-Pas-de-Calais, sous couvert d’anonymat.
Adecco, numéro 1 du secteur dans le monde et en France, a déjà tiré des conséquences pour son propre compte. Jeudi dernier, le groupe suisse a annoncé un plan social visant 600 emplois en France au premier semestre 2009. La direction dit vouloir atténuer le choc en favorisant des départs volontaires.
Sur un total de 5.500 salariés permanents chez Adecco, ce plan représente plus de 10% de l’effectif. Sont visés des agences Adia (-80 postes) et Adecco (-460) et du personnel du siège d’Adecco France (-60).
La CFDT a déploré "une réaction immédiate et précipitée, alors que la santé financière de l’entreprise est démontrée". "Adecco devrait pouvoir envisager des mesures pour passer la crise sans licencier", estime Sébastien Delahaye, secrétaire fédéral CFDT Intérim.
"Il y a un risque que les autres suivent (...) on a cette crainte", ajoute-t-il.
A la CGT Intérim, le secrétaire général Yannic Poulain, redoute "un plan social chez Manpower comme cela a été annoncé chez Adecco". Il y a un CCE extraordinaire le 14 novembre à l’initiative de la direction de Manpower, "ce n’est jamais bon", dit-il.
La direction de Manpower a confirmé de très mauvais chiffres pour octobre "de l’ordre de 12%, voire 15% ces derniers jours".
Manpower a expliqué travailler pour éviter des "mesures dramatiques", tel qu’un plan social, et privilégier "l’arrêt de CDD, la mobilité géographique, des actions commerciales (...) en espérant que cela sera suffisant".
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L’intérim touché de plein fouet par la crise
600 suppressions d ?emploi en France annoncées pour 2009 chez Adecco, numéro un mondial de l’intérim...Le secteur du travail intérimaire est touché de plein fouet par la crise. Reportage dans la région de Lille. Durée : 1mn39